Bonjour à toutes et à tous !
Aujourd’hui, je voudrais aborder un sujet qui me tient à cœur : la professionnalisation de l’écriture.
Vous avez sûrement remarqué l’apparition de l’encart « Je suis une autrice professionnelle ! » dans la colonne de droite. Cet encart fait directement écho à mon affiliation à la ligue des auteurs professionnels en octobre 2018.
Mais, finalement, ça veut dire quoi être un ou une autrice professionnelle ?
Quand la Ligue s’est créée, beaucoup ont crié au scandale en affirmant que l’écriture n’était pas un métier. Parmi ces réfractaires à l’idée de la professionnalisation des auteurs et des autrices, quatre discours se distinguaient :
- le discours méprisant
- le discours élitiste
- le discours dédaigneux
- le discours rétrograde
Le discours méprisant
Ou « Si vous le faites par passion, ça ne peut pas être un métier. »
Ce discours sous-entendant que si on aime notre travail, alors ce n’est pas un métier et on ne devrait pas être rémunéré.
Et bien… la prochaine fois que j’irai chez mon boulanger, je refuserai de le payer, sous prétexte qu’il aime son boulot. Je suis sûre que vous aimeriez voir sa tête.
Et je peux vous citer plein d’autres personnes qui sont passionnées par leur métier et dont il ne viendrait à l’idée de personne de remettre en cause le statut de métier que l’on accorde à leur passion — coucou à tous mes profs-chercheurs de l’ULB qui ne vivaient que pour leur métier-passion.
Donc, oui, une passion peut être un métier et l’écriture ne devrait pas être une exception.
Le discours élitiste
Ou « L’écriture est trop noble pour être considérée comme un vulgaire gagne-pain. »
C’est le fameux discours qui place l’écriture au-dessus de tout et qui en fait une sorte d’art intouchable. Ces personnes proclament que l’écriture ne devrait être pratiquée que par amour de l’Art et que toute rémunération l’avilit.
Le plus drôle avec ces personnes, c’est que lorsqu’on leur rappelle que d’autres professions artistiques sont considérées comme professionnelles (comme les musiciens, les comédiens, les photographes…) ils vous répondent que, eux, c’est normal. Souvent, ils n’argumentent pas, mais quand ils le font, ils vous servent des arguments fallacieux du type « ils ont fait des études » ou « ils le méritent » ou encore « pour l’écriture, c’est différent, c’est de la culture ».
Pour ces personnes, je vais être claire sur un point : je ne peux pas payer mes factures avec de la visibilité.
(Vous me voyez envoyer un mail à EDF pour leur dire que j’ai pas l’argent pour payer ma facture d’électricité mais que je peux les RT sur Twitter parce que j’ai plein de followers et que ça leur offrirait de la visibilité ?!)
Le discours dédaigneux
Ou « Tout le monde peut écrire, pourquoi ce serait un métier (réservé à une élite) ? »
Donc, sous prétexte que n’importe qui peut aligner 3 mots, l’écriture de roman (dans mon cas) ne serait pas un métier.
Nous vivons à une époque où une bonne partie de la population (mondiale) est illettrée (pas analphabète : l’illettrisme, c’est quand on sait lire et écrire, mais qu’on ne comprend pas tout ce qu’on lit et qu’on ne sait pas correctement s’exprimer à l’écrit, notamment avec des courriers administratifs) et on voudrait nous faire croire que l’écriture ne requiert aucun savoir-faire, aucun apprentissage pratique ?
Déclarer que « tout le monde peut écrire un livre », c’est présumer des capacités de beaucoup de personnes…
En revanche, oui, l’écriture est ouverte à tout le monde et il n’est pas nécessaire d’avoir un diplôme ou une carte de membre d’un club privé d’écrivain-e-s pour écrire un roman.
De même, si « tout le monde » peut écrire un livre, tout le monde n’en a pas l’envie.
Il existe également des personnes qui n’écriront qu’un seul livre dans leur vie. C’est ce qui fait la différence entre amatrice et professionnelle.
Le discours rétrograde
Ou « Avant, c’était pas un métier. Dumas, Hugo et les autres avaient un VRAI travail à côté de l’écriture. »
Alors, celui-là, c’est mon préféré parce qu’il allie ignorance et mauvaise foi.
Je vous cite l’historique de la SGDL :
Sous l’ancien régime, le droit d’auteur n’existe pas : les écrivains cèdent leurs droits à un libraire pour une somme forfaitaire, et ne touchent plus rien même si l’ouvrage se vend bien. Ce sont ces mêmes libraires qui, en 1764, lancent l’idée de la propriété littéraire… mais avec la conviction qu’elle leur appartient !
[…]
Quant aux romanciers, ils s’inquiètent surtout des droits de reproduction dans la presse : de nombreux journaux publient en effet leurs œuvres en feuilleton sans leur demander leur avis et sans s’inquiéter de les rémunérer. En 1836, Balzac, qui vient de se lancer à son tour dans le roman feuilleton avec La vieille fille, appelle à constituer une société des écrivains dans une « lettre aux écrivains français ».
Si l’appel de Balzac de 1836 est déterminant pour la création de la SGDL, son véritable fondateur est un grand patron de presse de l’époque, du nom de Louis Desnoyers. C’est à son domicile, rue de la Michodière, puis rue de Navarin, que la SGDL est constituée en 1838. Directeur du journal Le Siècle, qui publie notamment la série des Mousquetaires de Dumas, il reprend l’idée de Balzac et réunit chez lui, le 10 décembre 1837, cinquante-quatre prosateurs pour leur soumettre son projet de constitution d’une Société des Gens de Lettres. Après plusieurs réunions, les écrivains peuvent tenir le 16 avril 1838 leur première assemblée générale. Quatre-vingt-cinq gens de lettres, parmi lesquels Honoré de Balzac, Victor Hugo, George Sand, Théophile Gautier ou Alexandre Dumas (aucun d’eux n’a encore atteint quarante ans !), y élisent François Villemain comme premier président.
La société a alors deux objectifs : la défense des intérêts moraux et matériels de ses membres et le secours aux écrivains nécessiteux.
C’est bien beau tout ça, mais ça répond pas à la question « c’est quoi être un auteur professionnel ? »
Un auteur professionnel n’est pas un amateur !
Merci d’être passé, salut et à la prochaine ! 😂
…
Plus sérieusement.
Effectivement un auteur devient un professionnel lorsqu’il cesse d’être un amateur.
Ça veut dire :
1. Se comporter en professionnel
Quand on est un auteur pro, on ne passe pas son temps à bayer aux corneilles. On bosse. On se fixe des objectifs de rentabilité, on s’organise pour être efficace et, surtout, on écrit plus d’un livre. Pour certaines personnes (comme moi), c’est même un travail à temps plein (voire plus).
Un auteur amateur écrit par plaisir, quand il en a envie, sans nécessairement se mettre de pression, avec pour seul objectif de (peut-être) finir son livre (un jour).
J’aime bien la phrase « Les amateurs ont un but. Les professionnels ont un processus. » qui illustre bien ce point, je trouve.
(Source : https://www.morganphilipsoutplacement.com/difference-amateurs-professionnels/)
Dans le cas présent, on pourrait traduire cette citation par : « Un auteur amateur écrit un ou des livres, un auteur professionnel écrit. »
À ce niveau-là, on peut aussi se poser la question de la légitimité de l’art dans une démarche presque industrielle. J’aurais tendance à vous dire que les « vrais écrivains » (notez les guillemets) vivent pour écrire plus qu’ils n’écrivent pour vivre. Du coup, la notion de production en continu est plutôt inhérente à la condition d’écrivain dans ce cas-ci.
2. Ne pas se contenter d’attendre
Ce qui différencie aussi les amateurs des professionnels, c’est le temps accordé aux tâches annexes comme le marketing (présence en salon, animation d’ateliers d’écriture, conférences, visite dans les écoles…), le community management (= communication sur les réseaux sociaux), la relation client (= contact avec les lecteurs).
Tout ça, ce sont des investissements en temps et en argent (frais de déplacement, hôtel…), qui sont du temps qu’on n’investit pas dans l’écriture et de l’argent qui ne paie pas nos factures/ne remplit pas nos frigo, puisque ces « prestations annexes » ne sont pas rémunérées/remboursées.
Mais ça tend à changer ! On commence à rémunérer les auteurs et autrices qui donnent des conférences ou parle du métier d’écrivain en médiathèque ou dans les écoles. Mais les éditeurs ne rémunèrent pas les auteurs quand ces derniers prennent sur leur temps pour répondre aux lecteurs, aux interviews, animer leurs réseaux… en somme quand ils font la promotion que l’éditeur ne fait pas pour eux.
3. Avoir le nez dans les chiffres et la paperasse
Être professionnel, ça veut aussi dire avoir un statut (normalement) qui induit de devoir déclarer des revenus, de payer des cotisations, etc. Mais c’est aussi recevoir de l’argent, devoir faire ses comptes (qui sont différents de ceux de la comptabilité domestique, et ce, même si vous payez EDF en followers).
En gros, être un auteur professionnel, ça veut dire bosser pour être rentable. En somme, un auteur professionnel, c’est un entrepreneur de l’écriture, et ce, qu’il ou elle soit à compte d’éditeur, d’auteur ou autoédité-e.
J’aimerais préciser qu’il n’y a aucune honte à être un auteur amateur, comme il n’y a pas de mérite à être un auteur professionnel. Les livres des uns et des autres se valent, la différence, c’est la manière de vivre l’écriture, pas la qualité des écrits.
Voilà, c’était mon point de vue sur la question.
Et si vous vous interrogez : je traiterai de la différence entre auteur et écrivain dans un autre article, si vous le souhaitez. En tout cas, je peux vous parler de ma vision de la différence entre un auteur et un écrivain.
J’espère avoir été claire dans mes explications, s’il y a des points de mon raisonnement qui vous semblent obscurs, n’hésitez pas à me poser des questions.
Sinon, comment concevez-vous la chose ?
Merci pour cet article clair et complet !
Je suis tout à fait d’accord avec toi ! Moi aussi j’aime beaucoup entendre le discours « Si vous le faites par passion, ça ne peut pas être métier. » ! Et les footballeurs, alors ?! C’est un métier de passion, et ils sont très bien payés ! Je dis ça comme ça…
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Merci beaucoup pour cet article. En effet je suis moi même écrivain amateur, et je me rend bien compte des difficultés… Principalement le manque d’argent, ou le manque de temps si nous travaillons à côté J’essaye de m’organiser le plus possible pour avancer mon livre, mais j’ai parfois l’impression de devoir aplanir une montagne avec une petite cuillère ! ^^ Mais ça fais du bien de lire que « les livres des uns et des autres se valent »
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Je partage ton point de vue, et j’ai d’ailleurs fait le choix de me professionaliser cette année 🙂 Du coup en effet, ça implique tout ce que tu listes !
Je suis aussi artiste de rue et organisatrice de jeu de rôle grandeur nature. Là aussi, on a droit au « c’est un loisir, on ne doit pas gagner sa vie avec un loisir ». On a grandi avec l’idée que le travail était une torture et qu’il fallait souffrir pour gagner son salaire, salaire qui servait aux loisirs. Alors sacrilège quand on gagne de l’argent avec son loisir ! Joindre l’utile à l’agréable ? Quelle idée !
Je pense qu’il y a un gros progrès à faire du côté des mentalités à ce niveau là 🙂
Pour en revenir au sujet de base, j’aime surtout ta conclusion. Les textes des uns ne sont pas meilleurs, c’est l’approche qui est différente. C’est exactement ça !
J’ai hâte d’avoir ton point de vue sur la différence entre auteur et écrivain ^^
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Un article très intéressant, en particulier l’analyse des 4 types de réactions négatives à la question « l’écriture peut-elle être un métier ? »
Merci ! 🙂
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Ah, oui… « être un auteur professionnel, ça veut dire bosser pour être rentable. » Voilà, je sais pourquoi je n’ai pas tenu à être pro: pour ne pas avoir cette contrainte qui implique a/ d’écrire même quand on n’a rien à écrire, b/ d’écrire ce qui va se vendre, surtout ce qui va se vendre, seulement ce qui va se vendre. (Aussi, parce que le marketing et moi sommes fâchés. Ou surtout. Enfin bref.)
Sinon, remarques éventuellement questionnantes…
– « Si vous le faites par passion, ça ne peut pas être un métier » -> rétorquer en faisant la liste de toutes les professions dans lesquelles on entre par passion, en prévoyant d’y passer une demi-journée (parce qu’on aura abrégé). Conclure que ceux qui ont un métier sont à plaindre. Demander à la partie adverse si elle en a un. Compatir en silence.
– « il n’y a aucune honte à être un auteur amateur », cependant quelque chose me gêne de plus en plus, c’est désormais l’air navré de certains auteurs « pro » devant les amateurs, comme si ces derniers étaient tout juste dignes d’une pitié condescendante. Et ne parlons pas des écrivains qui ont le toupet de donner à lire gratos: ces traitres méritent seulement l’échafaud (peine prévue pour détournement abusif et illégitime de lectorat). Certains vous feraient presque entendre qu’il vaut mieux tartiner de la bouse en étant membre de la Ligue des Prosateurs Patentés que de polir un joyau « en dilettante ». Soit… Mais c’est un peu… quand même…
– « Quand on est un auteur pro, on ne passe pas son temps à bayer aux corneilles. On bosse. » Les amateurs aussi. Quand même. Chacun ses tâches annexes, la différence est qu’un auteur pro dépend de sa prose pour se payer l’abonnement Nietflics. L’amateur a certes le droit de glander, de prendre son temps, de peaufiner lentement. Mais faut qu’il bosse dur lui aussi quoi qu’il en soit (le bouquin ne va pas s’écrire tout seul). Sauf qu’il a le droit de bosser plus lentement. Voire… parfois… mieux?
– Plus tôt je relève le surgissement de « la question de la légitimité de l’art dans une démarche presque industrielle. » Autrement dit de l’amateurisme face au professionnalisme. A quoi j’opposerais volontiers la symétrique question de la légitimité d’une démarche presque industrielle dans l’art. L’une et l’autre question découlant d’un point de vue qui place la littérature dans ou hors l’art… L’une et l’autre option conduisant alors, à mon avis, à énoncer un verdict d’illégitimité. Pour échapper à ce genre de réponse, je préfère un troisième terme: la littérature comme artisanat (une sorte d’hybridation entre art et industrie). OK, je ne parle pas pour les ceusses qui assemblent de la romance à la chaîne (faut pas pousser non plus, hé, oh…), le terme artisanat ne saurait s’appliquer.
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Pour vous répondre :
« a/ d’écrire même quand on n’a rien à écrire »
Je pars du principe que si on a décidé d’en faire son métier, c’est qu’on a assez de matière à travailler. Oui, on peut avoir des coups de mou, mais c’est comme tout le monde et comme partout.
« b/ d’écrire ce qui va se vendre, surtout ce qui va se vendre, seulement ce qui va se vendre »
Faire de l’écriture son métier ne signifie pas vendre son âme au dieu de la consommation…
« – « il n’y a aucune honte à être un auteur amateur », cependant quelque chose me gêne de plus en plus, c’est désormais l’air navré de certains auteurs « pro » devant les amateurs, comme si ces derniers étaient tout juste dignes d’une pitié condescendante. Et ne parlons pas des écrivains qui ont le toupet de donner à lire gratos: ces traitres méritent seulement l’échafaud (peine prévue pour détournement abusif et illégitime de lectorat). Certains vous feraient presque entendre qu’il vaut mieux tartiner de la bouse en étant membre de la Ligue des Prosateurs Patentés que de polir un joyau « en dilettante ». Soit… Mais c’est un peu… quand même… »
Un « auteur » est, par définition, un écrivain qui gagne de l’argent (même une somme infime) avec son ou ses livres. Donc, les écrivains qui publient gratuitement ne sont pas à prendre en compte ici.
« – « Quand on est un auteur pro, on ne passe pas son temps à bayer aux corneilles. On bosse. » Les amateurs aussi. Quand même. Chacun ses tâches annexes, la différence est qu’un auteur pro dépend de sa prose pour se payer l’abonnement Nietflics. L’amateur a certes le droit de glander, de prendre son temps, de peaufiner lentement. Mais faut qu’il bosse dur lui aussi quoi qu’il en soit (le bouquin ne va pas s’écrire tout seul). Sauf qu’il a le droit de bosser plus lentement. Voire… parfois… mieux? »
Il s’agissait ici de répondre aux personnes qui nous rétorquent qu’on est devenu écrivain pro parce qu’on est paresseux/-ses, qu’être écrivain pro c’est une excuse pour se tourner les pouces en attendant que l’inspiration divine nous tombe dessus et qu’on ponde notre roman en 3 semaines (corrections comprises, bien sûr !).
Ensuite, je ne vois pas en quoi un auteur pro bosserait moins bien qu’un auteur amateur sous le seul prétexte qu’un auteur pro vit de sa plume ?! Si un auteur pro travaille plus vite c’est d’abord et avant tout parce que… c’est son travail ! C’est donc ce qu’il est censé faire de ses journées : bosser sur sa prose. Si un amateur prend plus de temps, ce n’est pas parce qu’il travaille mieux, c’est parce qu’il fait autre chose de ses journées. Le temps alloué à l’écriture n’est donc pas le même. Il est clair qu’on avance plus vite lorsqu’on bosse 35h/semaine sur un manuscrit que lorsqu’on n’en bosse « que » 5.
« – Plus tôt je relève le surgissement de « la question de la légitimité de l’art dans une démarche presque industrielle. » Autrement dit de l’amateurisme face au professionnalisme. A quoi j’opposerais volontiers la symétrique question de la légitimité d’une démarche presque industrielle dans l’art. L’une et l’autre question découlant d’un point de vue qui place la littérature dans ou hors l’art… L’une et l’autre option conduisant alors, à mon avis, à énoncer un verdict d’illégitimité. Pour échapper à ce genre de réponse, je préfère un troisième terme: la littérature comme artisanat (une sorte d’hybridation entre art et industrie). OK, je ne parle pas pour les ceusses qui assemblent de la romance à la chaîne (faut pas pousser non plus, hé, oh…), le terme artisanat ne saurait s’appliquer. »
J’aime beaucoup le terme d’artisanat dans ce cadre-ci, l’idée que l’écriture est à la fois une expression de sa vision personnelle du monde portée par un savoir-faire acquis par l’expérience. Mais je ne vois pas en quoi la quantité est un critère de légitimité ou pas.
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« Un « auteur » est, par définition, un écrivain qui gagne de l’argent (même une somme infime) avec son ou ses livres. Donc, les écrivains qui publient gratuitement ne sont pas à prendre en compte ici. » Question de définition sur laquelle je suis en désaccord (auteur, c’est à qui on attribue l’oeuvre – forcément achevée -; écrivain, désigne l’activité d’écrire, passée ou présente, qu’on ait ou pas achevé quoi que ce soit). Mais peu importe, je trouve toujours très/trop facile de se débarrasser d’une fraction non négligeable des écrivants, et les tenir pour négligeables m’a toujours interpellé, comme s’il s’agissait de sous-amateurs…
« Ensuite, je ne vois pas en quoi un auteur pro bosserait moins bien qu’un auteur amateur sous le seul prétexte qu’un auteur pro vit de sa plume ?! »
Non non non j’ai pas dit ou voulu dire ça, mais juste qu’un amateur a une petite chance, celle de ne pas dépendre de délais éditoriaux contraignants (ou de factures menaçantes), et qu’il peut prendre son temps pour polir, repolir, lustrer, frotter, re-repolir, bichonner. Quand on doit se magner parce que le mot Fin doit être atteint tel jour à minuit dernier carat, on ne va pas forcément chercher la perfection. Alors qu’en tant qu’amateur, je peux me montrer maniaque. Parfois trop. Je peux même me permettre d’expédier un bouquin aux oubliettes, ce qui est un sacré luxe.
« Mais je ne vois pas en quoi la quantité est un critère de légitimité ou pas. »
Ma foi, si la quantité s’accompagne d’une réplication mécanique de schémas prédéterminés pour moi on n’est plus dans l’artisanat mais dans la production de masse. Evidemment si on est doté d’une imagination débridée et d’une plume rapide c’est autre chose.
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C’est vrai, je suis allée trop vite et me suis trompée dans la définition d’un auteur. Néanmoins, les personnes qui ne souhaitent pas publier contre rémunération ne sont tout de même pas à prendre en compte dans cet article, puisqu’ici je ne souhaite parler que des personnes qui veulent une rémunération contre leurs écrits, que cela soit pour en vivre ou pas. Parce qu’elle est là, la différence entre un auteur amateur et un auteur pro : l’un ne veut pas en vivre alors que l’autre si (et je parle bien d’une question de volonté et de démarche personnelle, pas des revenus à la fin du mois).
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